Abstract :
La Medjerda est bien plus qu’un fleuve : elle est le cœur hydraulique de la Tunisie et joue un rôle central dans le développement socioéconomique du pays. Elle prend sa source en Algérie, s’écoule sur 484 km et s’étend sur un bassin de 23 700 km², dont les deux tiers sont en Tunisie. Traversant plusieurs régions à forte densité humaine et à vocation agricole, elle alimente de nombreux centres urbains et ruraux en eau potable, les principaux périmètres irrigués de la moyenne et la basse vallée ainsi que les périmètres agrumicoles du Cap-Bon, fait l’appoint de l’irrigation des cultures céréalières du bassin, et soutient des activités touristiques, industrielles et agroalimentaires importantes. À ce titre, elle est souvent qualifiée de “château d’eau de la Tunisie”. Dès l’indépendance, l’Etat tunisien a réalisé l’importance de cet axe pour le développement du pays et des investissements énormes ont été consentis pour atténuer et régulariser les crues catastrophiques, en favorisant largement l’offre sans trop se préoccuper de la gestion de la demande. Mais à l’avenir, il sera de plus en plus difficile de pouvoir dégager d’importantes ressources en eau additionnelles à partir du système Medjerda. Certes la dernière décennie a montré la résilience du bassin face à une succession d’années sèches. Mais l’envasement progressif des barrages, les pertes significatives par évaporation, les problèmes de dégradation de la qualité d’eau, la gouvernance fragmentée et l’absence de mécanismes solides de gestion transfrontalière avec l’Algérie constituent d’autres défis à relever. Ces perturbations sont aggravées par la vulnérabilité croissante du système de gouvernance hydraulique, caractérisé par une multiplicité d’acteurs, des chevauchements institutionnels, une faible coordination intersectorielle et un manque de planification stratégique à long terme.
La conférence-débat constitue un espace de réflexion sur le futur de la Medjerda et offre une opportunité pour formuler des pistes d’action autour des principaux défis, quelles sont les capacités de résilience face au changement climatique, à l’augmentation de la demande et à la dégradation des ressources ? comment gérer les extrêmes ? comment anticiper et atténuer les risques d’inondation et de sécheresse ? quels mécanismes mettre en place pour garantir une gouvernance plus efficace, inclusive et adaptative ? comment développer un cadre structuré et consensuel de gestion partagée avec l’Algérie, reposant sur des principes de transparence et de solidarité ?
Revue de presse
إذاعة تونس الثقافية 17-06-2025
