Le Département des Sciences humaines et sociales de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, « Beït al-Hikma », a organisé, le mardi 29 avril 2025, la présentation de l’ouvrage du Pr Mohamed Nachi, intitulé «Transgresser la loi. Entre illégalismes et arrangements, de Kinshasa à Bruxelles en passant par Tunis».
Coordonnée par Pr Adelhamid Hénia, Directeur du Département Sciences humaines et sociales, la présentation a été assurée par Pr Mohamed Kerrou, membre de l’Académie et Pr Imed Melliti (Université Tunis El Manar).
Cet ouvrage collectif, dirigé par Pr Nachi, interroge les pratiques de transgression, non pas comme de simples délits, mais comme révélatrices d’un rapport ambigu à la norme, oscillant entre contrainte, contournement et résistance.
S’appuyant sur des travaux de terrain menés à Tunis, Kinshasa et Bruxelles, les auteurs montrent comment les individus ou groupes marginalisés s’adaptent à leur contexte et adaptent les règles/lois à leurs conditions de vie ; révélant, ainsi, l’écart entre légalité formelle et légitimité vécue, et permettant une meilleure compréhension des dynamiques sociales souvent invisibilisées par les lectures juridiques classiques.
L’événement s’est tenu au Palais de l’Académie, sis à Carthage-Hannibal.

Présentation du livre “Transgresser la loi”
Cet ouvrage collectif constitue un chantier neuf pour la sociologie en Tunisie qui se propose d’aller au-delà des travaux sur la marginalité et « l’exclusion » (tahmich) – devenues un leitmotiv – afin de saisir, par le bas, dans les processus sociaux, les dynamiques qui favorisent l’extension des illégalismes et des arrangements et leurs confèrent une certaine légitimité. L’enjeu est de proposer une lecture socio-anthropologique des transformations sociales, de la dynamique de la relation État-société et de faire société ; de la construction des mondes sociaux tels qu’ils sont travaillés par des activités « illégales », non-instituées, officieuses, dont la sociologie a parfois sous-estimé l’importance.
La perspective adoptée cherche à inverser la tendance dominante en sciences sociales, à prendre le contre-pied de ses présupposés, afin d’investir ce qui se passe à la marge, dans les bordures et les interstices, les angles morts et zones grises qui demeurent, faut-il le rappeler, les moins accessibles.
Ce parti pris s’inscrit aussi dans la problématique selon laquelle les sociétés peuvent être mieux comprises à travers ce qu’elles refoulent sur ses marges ; à travers les pratiques dissidentes, les formes d’activité subversives et de révoltes, etc. et dont les illégalismes et arrangements constituent une illustration exemplaire.
Il s’agit, par conséquent, de partir de ces pratiques dites « hors-normes » pour comprendre la normativité qui les sous-tend, la manière dont les acteurs jouent avec les normes, s’arrangent avec la loi, de saisir les différentes relations et articulations entre le légal et l’illégal dans le but de pénétrer au cœur des logiques de fonctionnement des pratiques d’arrangement et des formes d’illégalisme.

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