Lettres de Hussein à Khérédine (vol.2)
Dans les archives personnelles de Khérédine, les lettres que lui a adressées le Général
Hussein occupent une place de choix ; elles sont les plus nombreuses (319) et les plus
variées. Elles traitent de diverses affaires politiques et administratives, mais portent aussi
sur leurs relations personnelles, leurs opinions et leurs sentiments, reflétant ainsi la solide
amitié qui les unit tout au long de leurs vies.
On sait que le Général Hussein fut le second réformateur tunisien d’envergure, après
Khérédine, et qu’il fut chargé des missions les plus délicates en raison de son intelligence
et de ses dons de négociateur. Président de la première municipalité de Tunis en 1858,
il fut nommé en outre ministre de l’enseignement, puis ministre des travaux publics
lorsque Khérédine était premier ministre. Mais en 1878, et après la chute de celui-ci,
il fut contraint à l’exil. Il s’établit en Italie et fut bientôt rejoint par son ami le Cheikh
Salem Bouhajeb. A la fin de sa vie, il connut une certaine gêne matérielle, ses liens avec
Khérédine finirent par se distendre à cause de différends d’ordre familial. Après sa mort,
et sur intervention de Khérédine auprès du gouvernement ottoman, sa dépouille fut
transportée à bord d’un bateau de guerre à Istanbul où elle fut inhumée.
Les lettres de Hussein à Khérédine nous renseignent fidèlement sur la situation
politique et économique de la Régence de Tunis à la veille du Protectorat français.
On y découvre, au jour le jour, les préoccupations des réformateurs tunisiens et les
polémiques suscitées par la politique d’emprunts massifs à taux usuraire pratiquée par le
gouvernement Khaznadar. On y découvre aussi la plume alerte du Général Hussein qui
emploie souvent des tournures dialectales ou des mots étrangers, sans trop se soucier
de certaines imperfections de style.